Art et entreprise : histoire d’une union réussie

01/08/2022

Cet article est un véritable récit qui prends du temps à lire (3 minutes). 

Ci-dessous voici les 4 idées à retenir.

Pour voir uniquement des photos de réalisation voici la page dediée.

  • L’échange authentique : ce qui donne du sens à notre travail

Trouver ses clients de rêve est un enjeu majeur. Dans cette partie je raconte comment j’ai connu mon client et l’état d’esprit qui nous a animés. Cette approche représente pour nous le sel de la vie.

  • Le vote : une manière d’engager les équipes dans le choix du visuel

Je révèle mon processus créatif dans le détail. Références à des peintres, évolution des propositions artistiques, vote, vous saurez tout.

  • Faire peindre les employés tout en garantissant un rendu professionnel c’est possible ( la preuve en image)

Je détaille l'expérience participative, le choix de la peinture, le vernissage.

  • L’art, une mise en oeuvre d’une philosophique de vie

Cette expérience agréable à vivre me conforte dans l'idée que le monde a besoin d'éthique, dans le sens de respect de l'intérêt général. L'art est une puissante mise en œuvre de ce concept philosophique.



Neocamino x Mathilde Guegan : histoire d'une rencontre

Qui est Neocamino ?

Neocamino accompagne des TPE et des PME dans leur développement digital. Ils sont basés à Lyon. L'équipe est relativement jeune et l'entreprise est en pleine croissance.

Comment les ai-je connu ?

J'ai suivi plusieurs webinars sur le marketing digital par les Foliweb.

Mon constat était le suivant : ma notoriété grandit, je vends en présentiel et mon site génère un trafic ascendant. Par contre je ne sais rien des gens qui sont venu le visiter. Je ne peux ni les contacter ni les connaître.

Après chaque webinar je recevais un coup de fil de Neocamino. Les artistes sont la cible de beaucoup de coachs et de galeries qui promettent monts et merveilles. Je les éconduisais gentiment jusqu'au jour où...

Ce qui donne du sens à notre travail

Je suis contactée par Benjamin Michaud.

Benjamin Michaud
Benjamin Michaud

Il me parle de mon babyfoot mixte et inclusif. Il a regardé mon travail et me pose plein de questions. Nous échangeons plus d'une heure sur l'art et la mixité. Il est persuadé que je peux vendre mes personnalisations de babyfoot à des entreprises comme la sienne. 

Que notre collaboration aille plus loin ou pas, je suis nourrie par cet échange « authentique » et Benjamin aussi. Pour lui comme pour moi ces moments d'échanges sont le sel de la vie. Je l'en remercie et il m'écrit « ce type de retour est ce qui donne du sens à mon travail ». Nous sommes dans le même désir.

Gare au miroir aux alouettes !

Paul Herbeau
Paul Herbeau

Benjamin me mets en relation avec Paul Herbeau qui a travaillé pour Mr. Babyfoot. Il pense également que Neocamino peut m'aider à vendre mes prestations d'art mural et de personnalisation de babyfoots. Il me suffit d'acheter leur prestation et bla-bla-bla.

Même si j'ai beaucoup aimé l'approche de Benjamin et que Paul est charmant, je suis sur mes gardes car je sais ce que vaut la parole des commerciaux.

Pour m'amuser je les mets au défi :

S'il y a vraiment un marché dans des entreprises comme la vôtre, prouvez-le ! Si Neocamino achète ma prestation, je ne pourrai faire autrement que de vous croire…

De l’intention à la stratégie

Après plusieurs échanges et alors qu'ils n'ont rien confirmé de leur côté, je décide de m'offrir leur prestation de conseil. Je suis alors dans une démarche très active de réflexion stratégique. Je me forme à l'entreprenariat social et solidaire avec Empow'Her, un incubateur féministe et suis très active dans la communauté du Cercle des Créateurs. Mon objectif est de développer mon impact d'entrepreneuse et d'artiste. Leur prestation de conseil complète la réflexion de fond que je mène. Je suis ravie du résultat, grâce à eux j'ai enfin un cap précis et chiffré : une stratégie !

Une bonne nouvelle

Paul Herbeau m'appelle : les employés de Neocamino me confient la réalisation d'un mur dans leur nouveaux locaux. Finalement ce ne sera pas un babyfoot mais une fresque. La démarche participative me plaît beaucoup. Je suis heureuse que la demande émane des employés eux-mêmes. C'est un projet Art et entreprise bottom/up auquel j'ai hâte de m'atteler.


Un mural « naturel, convivial et inspirant »

Adrian Measures, le directeur de Neocamino me donne son brief pour le mural : « Naturel, convivial et inspirant ». Je propose de travailler avec les couleurs de leur charte graphique : bleu, jaune et blanc.

Trois pistes à explorer

Sans que je sache trop pourquoi, je pense beaucoup à La Vague d'Hokusai.

C'est la première piste que j'explore.

La vague représente la force que Neocamino apporte à ses clients.

La montagne sacrée est remplacée par un soleil qui représente les opportunités que chaque nouvelle journée apporte aux entrepreneurs.

La vague arrondie a la même forme que les « figures » abstraites des mes oeuvres précédentes. Cela crée une filiation qui me rassure.

Les deux autres pistes sont plus abstraites.

La première est un jeu graphique inspirée du puzzle.

J'imagine que ces formes sont les éléments que les clients de Neocamino apprennent à emboîter.

C'est la première fois que je propose ce type d'oeuvre. Je le décline en proposition symétrique. Je pense à Andy Warhol et à sa série de peinture basée sur les tâches de Rorschach.

La troisième piste est un jeu formel entre les couleurs et mon motif abstrait. Ici les liens représentent le web. La connexion est la clé du marketing digital. Créer du lien, créer un réseau est l'enjeu majeur et ce visuel l'incarne de manière ludique.

Dans l'image de gauche, un maillage supplémentaire recouvre l'œuvre : c'est le symbole de la vision macro que Neocamino fournit aux entrepreneurs, qui leur permet de donner un cap à leurs actions de marketing digital.

Adrian me demande quel visuel je préfère : cette dernière piste est ma préférée. Elle vient du travail que j'utilise dans mon atelier de street art et dans mes tableaux d’art abstrait. Elle vient aussi de ma passion pour le travail de Daniel Buren.

De la vague à la montagne

Les employés votent pour la vague. Pour moi ce n'est qu'un point de départ.

Durant notre deuxième échange Adrian m'informe qu'ils utilisent souvent la métaphore du chemin. « Neo-camino » : Le nouveau chemin !

Bon sang mais c'est bien sûr ! Je me demande pourquoi je n'y ai pas pensé tout de suite. L'entreprise est à Lyon, les montagnes sont toutes proches. Neocamino est le guide qui emmène l'entrepreneur vers les sommets, sur le chemin du succès.

Art et entreprise : proposition de visuel
Art et entreprise : proposition de visuel

Je suis persuadée d'avoir crée le visuel parfait. Je suis contente de m'éloigner de la vague d'Hokusai. S'inspirer c'est bien mais je veux créer quelque chose de neuf. Le passage de la vague à la montagne me donne l’idée d'utiliser de simples aplats.

Adrian me conseille de proposer aussi un visuel de vague. Apparemment certain se sont bien fait à l'idée. Je soumets donc au vote deux visuels de montagnes 🏔 et deux visuels de vagues 🌊 .

Art et entreprise : proposition de visuel
Art et entreprise : proposition de visuel

Dans les pas de Matisse ?

En dessinant l'écume blanche, j'ai eu la surprise de voir sous mes doigts des formes arrondies apparaître qui me rappellent les découpages de Matisses.

Pour chaque visuel je fourni un photomontage pour aider les employés à se projeter.

En avant pour la Grande Vague

Les employés votent pour la vague simplifiée.

A la « force tranquille » de la montagne, ils préfèrent la « puissance » de la vague. Apparemment c’est la dynamique du graphisme qui les séduit.

Me soumettre au vote des employés n'est pas différent que de me soumettre aux suggestions d'un client privé, d'un galeriste ou d’un directeur artistique. 

Le vote a été le coeur de ce projet Art et entreprise.


Une réalisation participative

Adrian m'encourage à proposer une réalisation participative. Cela donne encore une autre dimension à cette expérience Art et entreprise. Une semaine avant d'arriver je commence à écrire aux employés avec qui j'ai été en contact (Benjamin, Paul, et quelques autres) pour leur rappeler ma venue. Quand on est en entreprise, nos priorités nous détournent des petits plaisirs. Amener « autre chose » est une vraie gageure que je ne prends pas à la légère.

Art et entreprise : participation des employés
Art et entreprise : participation des employés

Dès mon arrivée, un beau matin de juillet, je fais le tour de tous les services pour me présenter et propose à chacun de passer à sa convenance « donner un coup de pinceau ».

Benjamin m'aide à tracer mes repères au fil de craie.

Une jeune femme trace le contour de la vague en utilisant les repères du quadrillage (je travaille avec des grilles de rapport).

Puis, tous se succèdent pour tenir le pinceau.

Une peinture dépolluante

J'ai découvert récemment le terme de « peinture assainissante ou dépolluante ». Cette peinture capte le formaldéhyde, principal polluant de l'air intérieur. Elle agit pendant quelques années en captant 30% à 80% des particules en fonction de la pièce et de la surface peinte.

Art et entreprise : peinture dépolluante
Art et entreprise : peinture dépolluante

Au rythme de l'entreprise

Je travaille au rythme de l'entreprise, rassurant chacun sur sa légitimité à tenir le pinceau. Quand il n'y a pas de volontaires, je détoure pour donner des zones à remplir (le plus simple) à ceux qui appréhendent de « tout gâcher ». C'est intéressant de voir comment notre cerveau nous empêche de travailler simplement avec nos mains en envoyant le message « tu ne sais pas faire ».

« Faites-vous confiance » ai-je répété pendant deux jours. Vos mains savent ! Laissez-les faire.

Art en entreprise : au rythme des employés
Art en entreprise : au rythme des employés

La première chose que l'on voit en entrant

L'animation dure deux jours. Nous finissons dans l'après-midi. Je repositionne les meubles pour recréer l’espace convivial de cette salle commune et invite tout le monde à un goûter qui fait office de vernissage. L'alcool est remplacé par des jus de fruit et les petits fours par des mini-muffins.

Art et entreprise : le vernissage
Art et entreprise : le vernissage

C'est très sympathique. Je fais une partie de babyfoots avec des garçons puis avec des filles. Il fait très chaud à Lyon et je suspecte l'équipe d'avoir voté pour la vague à cause de la chaleur et de l'envie de fraîcheur !

Mais en vrai, s'ils l'ont choisie c'est pour énergie qu'elle dégage.

Positionnée dans la pièce d'entrée de l'entreprise c'est la première chose que l'on voit en entrant.

Ce projet Art et entreprise figure à une place centrale et témoigne de l'importance que les employés et la direction de Neocamino lui ont accordée.


Le monde a besoin d'entreprises éthiques

J'ai choisi un travail atypique que j'exerce en pleine conscience.

Art et entreprise : Mathilde Guegan
Art et entreprise : Mathilde Guegan

Le mois précédent, une collègue a fait un immense mural dans une très grande entreprise. Elle m'a dit qu'elle mettrait un mois à s'en remettre tellement le chantier a été stressant.

Certes, j'ai plus d'expérience qu'elle en art mural mais surtout, j'ai conscientisé mon envie de  travailler pour des gens  « bons » dans des conditions agréables.

Je ne veux plus collaborer à la « dictature du stress », cette mentalité du monde de l'entreprise à laquelle je n'adhère pas.

Nous pouvons commercer sans nous dominer, dans l’égalité. Ce projet art et entreprise en est une démonstration.

Le monde a besoin d’éthique

Un midi j'ai déjeuné avec Benjamin Michaud. Il m'a confié une expérience professionnelle déprimante vécue avant Neocamino. On lui demandait de vendre sans se poser de question. De vendre, même si cela pouvait mettre en péril l'équilibre financier de l'acquéreur. Cette mentalité a failli le dégoûter du commerce. Alors que son don d'écoute et d'empathie est extraordinaire pour ses clients.

Sa sincérité et son sens moral m’ont fait venir chez Neocamino. Je suis heureuse que les jeunes trouvent des entreprises dans lesquels ils font fleurir leurs talents dans le respect de leurs valeurs. Sans éthique l’âme se meurt. En tout cas la nôtre, celle des gens sensibles.

Crédit photographique : Marie Pichon et Mathilde Guegan

Durée de réalisation en entreprise : 2 jours